Chapitre 2- suite- Apprendre à connaître ses intelligences et construire sa matrice de vie

Retrouvez les précédentes partie de « trouver sa voie »

Chapitre 1- Prendre Racine- Partie 1- Construire son arbre de vie

Chapitre 1- Prendre Racine- Partie 2- Planter un arbre

Chapitre 2- Découvrir ses potentiels- Partie 1-Les 4 intelligences

 

B/ Apprendre à connaître ses intelligences et les développer (ou pas)

Maintenant que vous vous êtes positionnés sur l’échelle de chaque intelligence et que vous avez compris que cela s’explique en partie par votre éducation, vous avez peut-être envie d’aller plus loin, et de vous tester dans d’autres domaines. Le monde artistique vous attire peut-être mais vous ne vous pensez pas à la hauteur; vous aimeriez savoir mieux utiliser vos mains mais vous ne savez pas comment procéder.

Le but de cette partie sera de découvrir ce qui vous plait vraiment, quelle intelligence vous avez envie de développer, ou pas, pour devenir la personne que vous êtes déjà en potentialité et quevous souhaitez incarner.

mont-dol
Le Mont-Dol, ma terre natale

Lorsque j’étais enfant, je rêvais d’être danseuse étoile. Le week-end avant d’essayer mon premier cours de danse lorsque j’avais 9 ans, le destin m’a menée vers la rencontre de Fred et de l’escalade, dans le cadre de la fête de mon village. Le club « Horizon Vertical » proposait une descente en rappel sur la petite colline du Mont-Dol en guise de lancement. Ce fut le coup de foudre: la hauteur, la liberté, l’adrénaline. Fred a proposé d’essayer un cours d’escalade la semaine d’après, le même jour que le cours de danse…. J’ai essayé les deux. Le cours de danse m’a plu malgré les moqueries des autres (ou peut-être étais ce ma paranoïa étant donné ma fragilité) et l’escalade encore plus. Ma mère a refusé de m’offrir les deux car cela coûtait trop cher, il fallait choisir... J’ai donc choisi l’escalade.

Mais au fur et à mesure de mes études, je ressentais toujours plus l’envie de pratiquer une activité artistique, en particulier la danse et la musique. Au lycée, j’enviais mes camarades sachant jouer de la guitare, mais j’étais trop occupée par l’escalade. J’admirais aussi Loulou, l’un de mes amis excellent musicien. Il m’a fait découvrir le HandPan, et le rêve d’en obtenir un un jour s’est ancréen moi, même si je pensais « jamais pouvoir y arriver ». Arrivée en prépa, j’ai ressenti un vrai complexe d’infériorité vis à vis de mes camarades venant d’un niveau social élevé. La majorité jouait d’un instrument, allaient régulièrement au théâtre, avaient une grande culture artistique…

De nombreuses filles avaient fait de la danse classique… J’ai essayé de lire le plus de livre possible en parallèle de la prépa pour être « au niveau » mais cela ne rentrait pas… J’enchainais les livres sans prendre le temps de comprendre le contenu. Je regardais de plus en plus des spectacles de danse, j’étais vraiment attirée par ce monde.

Au milieu de la prépa j’étais très heureuse de pouvoir m’acheter une guitare mais avec le rythme de mes études, le manque de confiance en moi, l’escalade, l‘absence de professeur et de bases en musique… je l’ai revendu quelques mois plus tard. « Je reprendrai plus tard », me suis dis-je.
escalade justineÀ la fin de ma première année d’école, alors que j’avais atteint un niveau très bon en escalade du fait de la proximité de mon école des falaises, le drame s’est produit: je me suis blessée. La poulie, la blessure au doigt tant crainte par tous les grimpeurs (la poulie est un élément qui joint le tendon et l’os, elle peut casser quand on force beaucoup sur les doigts). Cela étant un vrai parcours du combattant pour guérir ( il m’a fallu trois ans), j’en ai profité pour commencer la salsa, l’une des danses qui me faisaient rêver et qui ne paraissait pas compliquée. J’ai tout de suite accroché et j’ai continué durant trois ans. Je peux maintenant m’amuser en soirée salsa. J’ai alors compris que les épreuves que l’on rencontre sont des opportunités pour apprendre, pour ouvrir d’autres portes.

A 26 ans, j’ai décidé d’aller au bout de mon rêve: intégrer pleinement la pratique artistique dans ma vie. Je me suis offert un HandPan, handpan sophiaj’ai racheté une guitare et j’ai commencé la danse classique, le Modern Jazz et le Street Jazz. Un peu beaucoup me direz-vous? Oui, c’est sûr, mais nous y reviendrons plus tard. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour développer une intelligence qui vous attire, et réaliser vos rêves.

Je sais que j’ai une grande intelligence émotionnelle naturelle, que j’ai une intelligence rationnelle développée par mon travail acharné mais pas innée, que mon intelligence artistique se développe
par envie, sans avoir de talent particulier. Quid de l’intelligence manuelle?
Celle-ci ne m’attire pas spécialement. Oui, ce serait intéressant de savoir bricoler, mais cela ne me plaît pas, je laisse cela pour les autres. J’ai essayé plusieurs activités manuelles pour sentir si j’avais envie d’aller plus loin. J’ai testé la couture. Cela était intéressant de pouvoir fabriquer des objets moi-même, mais la précision n’est pas ma tasse de thé.

Lors de mon expérience au Kenya, pendant deux semaines j’étais dans un projet de permaculture dans lequel j’ai pioché, porté des charges lourdes, observé les autres être méticuleux dans la construction de tel ou tel objet, de la couture de tel tissu… Je me suis rendue compte que même passée ma zone d’inconfort, celle durant laquelle on apprend et n’avons pas encore les bonnes
méthodes, durant laquelle c’est difficile, cela ne me plairait pas outre mesure. sadhanaJ’ai adoré planter des graines, mais tout le travail en amont et en aval me fatiguait. Je soutiendrai la permaculture toute ma vie, j’achèterai des produits respectueux de la nature, mais je ne ferai pas partie de ceux qui produisent. Cependant, j’ai pu noter quels ont été les aspects ressourçants de ce projet qui ont contribué à me rendre heureuse: m’accorder 30mn de yoga tous les matins, être dans la Nature, la satisfaction d’avoir planté un arbre et de voir une petite plante sortir de la terre après avoir semé la graine quelques jours avant, le calme et quelques moments de solitude nécessaires à mon équilibre.

Ma sensation a été complètement différente en arrivant au sein des projet en Ouganda. Mes missions allaient être les suivantes: donner deux cours de lecture aux 6-7 ans le matin dans une école, créer un site internet pour le centre de musique l’après-midi, puis avoir le droit de suivre des cours de danse, de trompette et de percussion le soir entre 17 et 18h. 
La première semaine dans la classe n’était pas facile. C’était la première fois que j’enseignais, en plus dans une langue qui n’etait pas la mienne et auprès d’une tranche d’âge pas toujours attentive, et sans aucune formation préalable. Quelle épreuve ! Mais j’ai eu envie de continuer, de sortir de ma zone de confort, d’apprendre des enfants. Mon cœur me disait qu’après la période d’adaptation cela allait me plaire. Ce qui a été le cas, malgré la courte période.

Alors apprenons de nos erreurs et avançons. N’oubliez pas 1/si vous voulez avoir une chance de réussir, essayez! Et 2/il n’y a pas d’échec, seulement de nouveaux apprentissages.

Concernant les cours le soir, cela m’animait vraiment, j’avais envie d’apprendre. Je m’amusais et j’étais heureuse de voir mes progrès chaque jour.

J’ai tout de même décelé des zones de stress durant mon séjour en Ouganda. Je n’avais pas accès à mes moments ressourçants, j’étais 24h/24 dans un environnement bruyant, le matin avec les enfants, l’après-midi au café, le soir avec mes hôtes, adorables mais très bruyants. Pour un mois, cela ira, mais ce n’était pas une vie qui me correspondait vraiment.

Suggestion #8: Maintenant que vous avez « auto-évalué » vos différentes intelligences, notez les activités dont vous avez toujours rêvé mais jamais osé, celles qui vous intriguent, et même pourquoi pas une ou deux qui ne vous attirent pas forcément. Et faites l’essai! Cela peut être participer à un stage un week-end par exemple. Il y a aujourd’hui pléthore de choix, pour tous les budgets. Pour chaque expérience, notez ce qui vous plait ou déplaît, quelles sont vos zones de ressources, vos zones de stress, ce qui vous motive, ce qui vous rend indifférent.

Suggestion #9: listez l’ensemble des activités que vous avez dans votre vie, y compris les composantes de votre métier (Ressources humaines, administratif, marketing, prospection, travail avec les chiffres, enseignement, exécution, travail d’usine, temps en caisse…), vos loisirs (sports, activités manuelles, regarder la TV…) et de votre quotidien ( être avec la famille /les amis, aller faire des courses, être avec les enfants, faire le ménage…) et noter chaque activité. De 1 à 10 pour « j’aime/j’ai besoin/j’ai envie » et de 1 à 10 pour « je suis bon/c’est facile à faire ». Construisez ensuite un nuage de point avec comme variable « j’aime/j’ai besoin/j’ai envie » sur une échelle de 1 à 10 sur l’axe des abscisses et « je suis bon, c’est facile » sur une échelle de 1 à 10 sur l’axe des ordonnées . Placer vos activités sous forme de nuage de point. Vous pouvez alors reconnaître:

– Zone 1 en haut à droite: le nuage des activités que vous aimez et dans lesquelles vous êtesbons: cela doit selon moi représenter au moins 50% de votre temps disponible (votre tempspendant lequel vous ne dormez pas, prenons une base de 12h sur 7 jours = 84h)

– Zone 2 en bas du graphique: le nuage de point des activités dans lesquelles vous êtes bonsmais qui ne vous passionnent pas, par exemple une partie de votre travail: cela doit selon moi ne pas dépasser 20% de votre temps disponible (Si l’on prend une semaine à 7 jours de 12h,cela donne 17h sur 84)

– Zone 3: le nuage des activités que vous aimez mais pour lesquelles vous devez encore pro-
gresser: cela peut représenter le reste de votre temps disponible.

Voici un exemple:

Matrice de vie

C/ Faire des choix

Il est maintenant temps de faire des choix. Il est possible que de nombreuses activités vous plaisent, mais vous ne pouvez pas tout faire. Et puis cela représente certainement un budget important… à moins que cela fasse partie intégrante de votre métier, ou que cela ne le devienne à terme!

C’est le piège dans lequel je me suis retrouvée. En voulant vivre mon rêve de faire de la musique et de danser, je me suis épuisée. Une semaine complète de travail avec des responsabilités et des heures supplementaires + 6 h de danse + 30 mn de HandPan tous les soirs en essayant de suivre un cours sur Internet+ l’escalade+ la montagne le week-end… cela s’est vite avéré une folie et j’ai fait un burn-out courant de l’automne 2017.
Non seulement c’était trop, mais en plus je voulais être parfaite partout, du à mes traumatismes d’enfance que j’ai expliqué au premier chapitre. J’ai entamé un travail de psychothérapie pour comprendre et réussir à être plus bienveillante avec moi-même. Est-ce que l’escalade est une période passée de ma vie? Non, je veux continuer à en faire mais dans une optique purement de plaisir et non de performance. Donc si je diminue fortement, ce n’est pas grave. La danse? Je peux commencer une danse cette année, une autre dans deux ans, une autre dans quatre ans. D’ici là, peut-être que j’aurais envie de me consacrer plus à l’une ou l’autre. La musique, je peux apprendre à mon rythme, il n’y a pas d’objectif à atteindre, cela n’est pas une question de vie ou de mort.

Longtemps, j’ai cru qu’arrêter l’escalade serait comme perdre mon identité. C’est ce qui m’avait fait exister aux yeux des autres dans mon enfance, sans cela je ne suis rien, je suis qu’une petite fille moquée. Mais est-ce parce que je suis une bonne grimpeuse qu’on m’aime? Non, on m’aime
pour ma personne, peu importe ce que je fais ou ne fais pas. Posez vous la question pour vos amis: pourquoi vous les aimez profondément ? Parce qu’ils ont une belle voiture ? Parce qu’ils sont beaux? Parce qu’ils font la même activité que vous ? Parce qu’ils sont impressionnants dans un sport ou dans leur travail? Non, vous les aimez pour leur personne, pour leurs qualités humaines, celles qui sont en eux, qui ne sont pas liés à l’apparence. Alors dites-vous que pour les autres, c’est la même chose. On vous aime pour qui vous êtes. Alors ne trichez plus, soyez vous-même, soyez authentique, cela vous fera le plus grand bien.

Votre vie est constituée de temps de travail rémunéré, de travail non rémunéré (les tâches ménagères, s’occuper des enfants, les loisirs). Vous avez décelé les activités qui vous plaisent, celles qui vous rebutent, vos zones de ressources et vos zones de stress. Il est temps maintenant de construire une vie qui vous correspond avec tous ces éléments. 

Selon mon point de vue, les activités que l’on n’apprécie pas ne devraient pas dépasser 20% deson temps total. Si l’on prend une semaine à 7 jours de 12h, cela donne 17h sur 84. Si vous avez un travail qui vous déplaît complètement, vous pouvez en changer. Et je ne veux pas entendre que cela est impossible, nous avons la chance en France d’avoir énormément de possibilités pour avoir une activité qui nous correspond . Cela demande d’oser mais vous pouvez y arriver.

Pour ma part, la musique et la danse sont deux domaines qui me passionnent et que je veux investir. Je souhaite même à terme l’intégrer dans mon métier. Il me faudra juste hiérarchiser et choisir l’apprentissage d’une danse par an, un instrument par an, et non pas quatre d’un coup.

Ce qui me passionne dans mon métier c’est l’accompagnement des personnes, dans la construction de leur activité et dans leur développement personnel, c’est un deuxième domaine dans lequel je souhaite investir. Ces activités devront être ponctuées par des moments de ressources que j’ai pu déceler, comme des moments réguliers dans la Nature, quelques moments festifs avec mes amis, quelques voyages avec un peu de grimpe et du temps pour fonder une famille et m’en occuper.

Suggestions #10: maintenant que vous avez vos 3 zones de nuage de point, analyser si cela est réaliste en fonction de votre vie actuelle. Si vous avez trop d’envies, hiérarchisez et faites des choix. Vous ferez le reste plus tard. Si votre zone 1 correspond à 20% de votre temps et votre zone 2 60% de votre temps, il est urgent de changer quelque chose, notamment vous essayer aux activités de votre zone 3 pour agrémenter votre vie ou changer complètement de voie.

2 Comments

  • Michelle dit :

    Bonjour J. ,
    Tout à fait d’accord avec ce que tu dis. On a tout le temps pour expérimenter ses rêves. L’impatience de la jeunesse fait que l’on aimerait tout faire ou on n’ose pas se lancer de peur de ne pas y arriver ou de se ridiculiser. Pour réaliser ses rêves, on a toute la vie. J’ai commencé la danse bretonne à 53 ans. C’était un rêve de petite fille âgée de 8 ans, brisé par mes parents qui ne pouvait pas m’accompagner au cours. Par le hasard d’une construction de maison, j’ai découvert le plaisir de jardiner. C’est devenu une passion et une thérapie. Quoi de plus ressourçant que de passer une heure dans son jardin à s’occuper de ses plantes. Le jardinage demande de l’observation, de la patience, le respect du temps, de la nature et permet de belles rencontres autour d’une même passion. A 90 ans, ma mère s’est remise à dessiner. Très occupée par sa vie familiale, son travail, elle n’avait plus le temps de se consacrer à ce loisir. Aujourd’hui elle a 93 ans et pense à l’aquarelle. Nous avons toute la vie pour nous consacrer à nos rêves. Les écoles de musique ont de nombreuses inscriptions de retraités qui veulent apprendre le chant ou un instrument. Ils ne deviendront pas des virtuoses mais de bons amateurs. Les Universités du Temps Libres UTL font salles combles. Il faut laisser le temps au temps. Je t’embrasse Michelle, la maman de Laura

Leave a Reply

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.